Rencontre. Le boxeur du Stade lavallois, qui combattra samedi à Montoir-de-Bretagne, s’est livré. De sa passion pour la boxe à ses rêves, en passant par sa blessure, El Gitano n’a rien esquivé.
Portrait
Il y a des sports que l’on choisit et d’autres qui nous choisissent. Des sports, qui nous tombent dessus tel un virus et qu’aucun vaccin ou remède ne saura combattre. La boxe, elle, a choisi Jordy Weiss quand il avait 7 ans. « Déjà tout petit je frappais dans les pattes d’ours avec mon père, Joseph, boxeur avant moi », retrace-t-il, entre deux gorgées de jus de fruit.
Rocky Balboa, Mike Tyson et Mohamed Ali
Il se montre un peu turbulent à l’école et révèle, sourire en coin, apprécier embêter ses camarades d’école. Son père décide alors de l’emmener effectuer son premier entraînement, gants aux poings, dans le but de le canaliser. Nous sommes alors à Elbeuf-sur-Seine (Seine-Maritime) et cette séance agit comme une révélation dans l’esprit du petit Jordy. « Dès les premiers instants, j’ai adoré, lance celui que l’on appelle El Gitano, les yeux illuminés. Tout me plaisait. J’ai vite compris que j’avais ça dans le sang. » Au programme : de la corde à sauter, de la frappe sur sac et des techniques de base où l’on apprend à parer et esquiver.
La machine est alors lancée. Celui qui se voyait déjà frapper des carcaces de viande comme Rocky Balboa avant même d’avoir enfilé les gants ressort de la salle, excité comme jamais. « Dans ma tête, j’étais Mike Tyson à ce moment-là ! » Il ne se voit alors rien faire d’autre comme sport que monter sur un ring. « En venant en Mayenne j’ai fait un peu de football, à L’Huisserie, en plus de la boxe. Mais si on m’avait demandé de choisir entre une carrière pro dans le football et la boxe… Le choix était vite fait : la boxe ! »
S’ensuivent alors huit ans de boxe en éducative. Pas de K.O., juste de la touche. Son premier duel, il s’en souvient parfaitement. « C’était aux Fourches. Je combattais quelqu’un qui était un habitué de ces combats et je l’ai battu. Je sautais de joie dans le vestiaire. J’avais l’impression d’être champion du monde ! »
En grandissant et au fur et à mesure qu’il passe amateur puis pro, son style s’affirme. Il regarde tous les grands combattants, quelle que soit la catégorie de poids. Mais un seul reste, pour lui, le Roi : Mohamed Ali. « Je me définis plus comme un boxeur styliste, technique que puncher. Je m’inspire d’Ali de par ses déplacements. »
De l’or dans les poings
Le noble art ne le quitte plus. Son père lui donne des conseils et l’accompagne à tous ses entraînements. « Même encore maintenant alors que j’ai mon permis ! » Puis quand il a environ 12 ans, il croise la légende mayennaise de la boxe : Jean-Claude Bouttier. Une rencontre qui va le marquer quand ces mots vont arriver à ses oreilles : « Tu as de l’or dans les poings. J’espère que tu vas rester sérieux car tu as beaucoup de potentiel. »
Force est de constater que l’ancien champion d’Europe poids moyen avait vu juste. 10 ans plus tard et à force de sacrifices, Jordy Weiss, qui est coaché par David Rebrassé, compte 11 combats pros pour 11 victoires dont 1 par K.O.
Pourtant en 2014, il se blesse anodinement au genou. On lui diagnostique une rupture des ligaments croisés et doit dire adieu à la finale du Trophée de France. Il combat toutefois avec une attelle sous les conseils d’un médecin et l’emporte. « À ce moment-là, c’est une libération. La joie et la douleur se mélangent dans mon esprit. C’était incroyable. »
De cette blessure, bien que difficile à encaisser, il n’en garde que du positif : « On m’avait dit que des blessures comme ça rendait plus fort. Après coup, je me rends compte que c’est vrai. J’ai gagné en maturité. »
Des combats qui parlent pour lui, une sagesse grandie, il en fallait peu pour attirer l’oeil d’organisateurs internationaux. « On m’a appelé pour faire un championnat du monde -25 ans en Allemagne, dernièrement. Mais j’ai refusé car on m’appelle trop tard et ça ne me laisse pas de temps pour me préparer comme il faut. Mais un jour, dans dix ans, j’aimerais avoir l’inscription Champion du monde d’inscrite sur mon palmarès. »
Source : http://www.ouest-france.fr/le-noble-art-passion-viscerale-chez-jordy-weiss-4091160
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