Immersion. « Il y a un acteur dans Rocky IV, je peux le mettre KO » : Jordy Weiss rencontre des fans en situation de handicap

« Dis Jordy, tu lui fais pas mal à ton adversaire ? », « tu as combien de ceintures ? », « est-ce qu’un jour je pourrai aller sur le ring ? » Dans la salle de boxe du Palindrome de Laval, les questions fusent et s’adressent au champion d’Europe des poids welters.

Moment d’échange

Après son combat remporté le 9 mars dernier face au Polonais Michal Lesniak, le licencié du Stade lavallois omnisports a enfin relâché la pression, même s’il lui a fallu du temps pour retrouver une vie apaisée. « Durant deux semaines, après mes combats, je me réveille en pleine nuit avec la sensation de devoir esquiver des coups, comme si j’étais encore sur le ring », dévoile le Mayennais.

Déjà de retour à l’entraînement pour préparer sa prochaine défense de ceinture, prévue en octobre 2024, Jordy Weiss a des sparring-partners particuliers jeudi 4 avril. Une quinzaine de personnes en situation de handicap mental avec ou sans troubles associés, accompagnées par le Centre d’accueil de jour et d’activités de Laval, lui font l’honneur de leur présence. Ou l’inverse. « Tu es mon idole Jordy », balance Christelle, déclenchant un large sourire sur le visage du pugiliste.

« Il y a un acteur dans Rocky IV, je peux le mettre KO »

Ébahis devant le sportif de haut niveau, qu’ils ont pu admirer plusieurs fois à l’Espace Mayenne lors de ses combats, les néophytes de la boxe anglaise apprennent à connaître leur coqueluche. Parfois avec pudeur. Une main se lève pour prendre la parole : « Je m’appelle Léon, on ne se connaît pas. » « Enchanté Léon, maintenant on se connaît », rétorque Jordy.

Guillaume a lui plus d’assurance, et ses références sont solides : « Il y a un acteur dans Rocky IV, je peux le mettre KO ! » Ivan Drago, le héros russe qui a tué avec ses poings le grand Apollo Creed, vraiment ? Tous ses camarades éclatent de rire.

Le handicap lui tient à cœur

La salle reprend son sérieux lorsque Youssef Wahid, animateur sociosportif de la Ville, qui les encadre lors de séances d’initiations, pose une question concernante : « Si je dis le mot handicapé, qu’est-ce que ça t’évoque ? »

Si Jordy a accepté cette rencontre, ce moment d’échange, c’est que le sujet du handicap lui est familier. « Je sais ce que ça veut dire, parce que j’ai une sœur et deux frères qui sont handicapés, confie El Gitano. J’ai grandi avec eux donc je sais ce qu’ils subissent. Ça me parle beaucoup. C’est pour ça que je suis là avec vous aujourd’hui. C’est bien de faire des activités, eux ne peuvent pas trop le faire. Moi, ça va me faire du bien de vous voir bouger. Il faut en profiter et vivre la vie à fond. » L’assemblée boit les paroles du boxeur, dans une atmosphère calme d’écoute. Ah, une nouvelle main se lève : « Oui Léon ? », « Jordy, elles sont où les toilettes ? » Fou rire général.

Une rencontre inoubliable

Dans la bonne humeur, qui ne quittera plus la salle, de la séance de signatures d’autographes, aux photos souvenirs, jusqu’au moment où ce beau petit monde enfilera les gants, la quinzaine de personnes en situation de handicap aura réussi à casser la distance avec Jordy Weiss. Ce qu’aucun de ses adversaires n’avait réussi à faire jusqu’à présent…