Le 7 décembre, à Brive, le Français (21 v) a brillamment conservé sa ceinture de l’Union européenne des super-welters en dominant aux points, à l’unanimité (118-110, 117-111, 117-111), l’Espagnol Jose Del Rio (28 v, 1 n, 8 d), trop limité pour réellement le mettre en difficulté.
Fin dans sa manière de boxer, le Tricolore n’était nullement dérangé d’affronter un gaucher. La clef ? Une maîtrise totale de la distance et de l’espace du ring. En effet, quand l’Ibère partait à l’assaut, le Mayennais effectuait le pas de retrait qui s’imposait puis désaxait. Et, inversement, il déclenchait d’où il le fallait sans partir de trop loin ni de trop prêt. Son coup d’œil et sa vitesse de bras faisaient le reste. Deux qualités qui lui permettaient de transpercer la garde du visiteur, aussi bien en crochets qu’en directs des deux mains. Une précision au service d’une remarquable vitesse de bras, au point que ses courtes séries trouvaient leur cible, en l’occurrence le visage de Jose Del Rio. Le champion était tout aussi performant lorsqu’il s’agissait de remiser ou d’attaquer le premier. Prenant soin de ne jamais négliger les moyens de défense, il travaillait avec son bras avant en jabs, histoire de trouver l’ouverture pour passer sa droite. On aurait juste aimé qu’il enchaîne davantage pour prendre encore plus de vitesse le fausse garde ibérique et ainsi durcir les débats, quitte à le pousser dans ses retranchements. Car Jose Del Rio, bien trop stéréotypé à force de n’avancer qu’en ligne sans jamais feinter, avait beau être dominé, il n’était pas surclassé.
En stage chez Dominique Paris
Pour l’être, l’entraîneur Joseph Germain demandait à Jordy Weiss de ne pas tomber dans l’écueil de la répétition mais, au contraire, de varier sa boxe afin de ne pas être lisible. Par exemple, en contrant en uppercuts et en cross derrière les gants. Des conseils d’autant plus pertinents qu’à partir de la cinquième reprise, le pugiliste de Palma de Majorque changeait de tactique en initiant un duel plus intense, de près et non plus à mi-distance où il ne parvenait pas à tenir le rythme. Mais cette nouvelle donne ne perturbait pas plus le local qui avait la capacité de s’adapter en délivrant des séries plus longues, lesquelles martyrisaient le faciès du visiteur. Seul bémol : il avait tendance à négliger le travail au corps mais sans que cela ne lui porte le moindre préjudice, tant son ascendant était évident. Physiquement, El Gitano était également au rendez-vous, le stage effectué outre-Atlantique, chez Dominique Paris, ancien préparateur d’Oscar de la Hoya, portant tous ses fruits. En somme, quelle que soit la configuration des échanges, le tenant se comportait en challenger. Son entrain ne laissait aucune marge d’appréciation aux juges comme en attestait l’ampleur du pointage.
« Un garçon qui a beaucoup de qualités »
« Jordy Weiss m’a fortement impressionné, avoue Joseph Germain qui officiait exceptionnellement dans son coin. C’est un garçon que je ne connaissais pas et j’ai trouvé qu’il a beaucoup de qualités, notamment sa capacité à mettre en place avec de facilité ce qu’on lui demande. Pour moi, il n’est pas très loin du niveau européen. Il y a encore un petit peu de boulot mais je pense que cela devrait se faire assez rapidement car il a un potentiel énorme. A mon sens, il faut qu’il gagne un peu en puissance. » Justement, le Lavallois est désormais en quelque sorte à la croisée des chemins. Désireux de se produire plus fréquemment entre seize cordes, il est question qu’il remette encore au moins une fois en jeu son titre avant de viser celui de l’EBU. Ce dernier est actuellement détenu par un autre Espagnol qui fait figure d’épouvantail, l’invaincu Kerman Lejarraga, fort d’un palmarès comportant vingt-deux succès avant la limite sur ses vingt-sept victoires.
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